Tamara Van San

Née en 1982 en Belgique, elle vit et travaille dans la région de Gant.

Les œuvres en céramique de Tamara Van San échappent aux classifications esthétiques. L’artiste crée des formes ni figuratives, ni géométriques, au mouvement capricieux d’autant plus fascinant que la couverte colorée participe elle-même aussi de l’élan des pièces. Ses sculptures organiques, solaires et fantasmagoriques activent notre imaginaire.

En pleine révolution esthétique, développant ainsi sa popularité auprès des publics esthètes, l’art en céramique nous surprend, nous questionne et crée de nouveaux plaisirs esthétiques.

Tamara Van San est de ces artistes qui aiment manipuler la terre et ont choisi d’appuyer la discipline dans ce moment de son histoire. Dans cette effervescence que connaît le traitement de cette matière, le contenant, le bel objet idéalisé à l’esthétique brut ou aux critères de perfection artisanale est délaissé pour une extravagance affirmée. Émancipé de l’opposition stérile entre art et artisanat, cette rébellion offre une incroyable diversité de propositions alimentées par une joie de créer, de proposer, d'expérimenter et de s’affranchir des techniques traditionnelles. Tamara Van San est de ces partisans audacieux.

Aujourd’hui les artistes pardonnent la fragilité et les complexités de la matière, et déversent couleurs, formes, motifs et nouveaux processus jusque-là nonexprimés, enhardis par l’évolution des connaissances, le développement d’outils et de leur diffusion. Toutes les propositions ne se valent pas, les regardeurs le savent et le voient. La synthèse que permet le temps laissera de grands noms dans l’histoire de l’art.

Lorsque je regarde une œuvre de Tamara Van San, j’ai la sensation de m’absenter pour une odyssée fantastique. Ses sculptures chimériques, propositions hybrides d’un autre monde, nous emmènent dans un cheminement de questions. Il y a d’abord leurs formes, comme des êtres pétrifiés, des coraux venus d’un espace étranger à l'homme. Ses sculptures prennent la forme de créatures non identifiables, proches de formations géologiques prenant vie. Elles se parent d’organes, de détails, de fantaisies organiques aux couleurs inouïes et énigmatiques qui nous révèlent par leurs nuances une multitude de peaux. Ecailles, crèmes, carapaces, fluides, croûtes, écorces, cristaux, coquilles, leurs variétés et leurs combinaisons riches et exubérantes évoluent au cours des séries et des créations de l’artiste. Acides et franches, le registre des couleurs attrape nos rétines. La force chromatique de certaines sculptures est semblable à celle d’espèces animales qui ont su, au cours de leur évolution, se parer de couleurs éclatantes pour nous signifier un danger, une toxicité.Cette sensation préoccupante peut être très vite chassée par un sentiment de gourmandise.Les surfaces recouvertes de glacis acidulés composés par la superposition de couches d’émaux amène, pour les amateurs de sucreries, l’eau à la bouche. L’effet des textures qui composent les couvertes est similaire à celui d’un glaçage de grand maître pâtissier ou de la plus excentrique des sucettes aromatisées. Les ambiguïtés s'affirment et se construisent faisant scintiller la matière, affirmant ou contredisant la forme, signaux d’une énergie interne. Ce manège des formes, des couleurs, fait naître des figures incertaines. Créatures discrètes ou expansives, aux typologies variées pouvant atteindre jusqu'à deux mètres de haut comme "I Am the passenger” qu’elle réalisa lors d’une fructueuse résidence à EKWC. Lorsque je regarde une œuvre de Tamara, un panel de questions surgit et m’embarque dans un périple, une exploration. Tel un professeur en phylogénie ou un aventurier qui souhaite savoir à quoi il a affaire, l'esprit se bat avec un besoin d’identification. Le regard perçoit des membres, collerettes, excroissances, conduits, mousses. Les registres évocateurs sont nombreux mais restent méfiants, au risque de paraître illustratifs ou naturalistes. Il y a ici une forme de chaos des origines, d’un monde en devenir, avec ses hybridations et ses faibles frontières entre le minéral et l’organique.

Ainsi Tamara Van San propose aux regardeurs une faune de l’étrange, telle une Jean- Claude Mézière, qui créa une multitude de créatures pour la bande dessinée Valérian et Laureline, qui inspirera George Lucas, pour la célèbre saga Star Wars. Le caractère hybride et fantastique nous amène à penser au peintre flamand Jérôme Bosch ou encore à Jean Carries et Niels Hansen Jacobsen, célèbres sculpteurs et céramistes de l’étrange. Comme eux, elle devient une sculptrice de fictions. Tamara compose un inventaire d’êtres venus de biotopes inconnus à l'inverse de l’histoire naturelle de Buffon qui cherchait à rendre compte des espèces présentes sur terre. L’imaginaire de Tamara va chercher à procurer de nouvelles possibilités du vivant. Au fil de ses expositions l’intention et la maîtrise de cette démarche artistique se raffine. Au fil de ses nombreux voyages et de ses observations lors de ses expériences sous-marine, son goût et son savoir s'affirment.

Tamara nous le dit, lorsqu’elle commence à manipuler la terre, elle ne sait pas ce qu'elle va en faire. C'est un moment hors du temps sans croquis préparatoire ou l’acte de former, celui de sculpter s’empare de tout. Par des pieds, un socle, une association de formes, elle commence puis se laisse guidée par un jeu empirique d’équilibre et de déséquilibre. Ce sont les nuances et les proportions de volumes, d’éléments évocateurs qui viendront caractériser sa sculpture. Une fois la forme de la sculpture établie, c’est l’étape de la première transformation par le feu puis le début d’un ballet de choix d’oxydes qui viendront composer la couverte de l'œuvre. L’artiste par son plaisir démiurge de transformer un bloc de terre, une pâte amorphe en une nouvelle forme crée une balade pour notre imaginaire, comme un peintre voudrait en rythmant sa toile de couleur, de formes, de traces, faire apparaitre des figures incertaines. Ce plaisir de l’étrange, celui que sculpte et fait apparaître Tamara Van San est présent dans bien des démarches artistiques. Nous sommes dans une période où l'esthétique de l'étrange, regroupe de nombreux artistes contemporains. Et notamment chez ceux qui utilisent la terre comme matière d'expression, ainsi Claire Lindner, Salvatore Arancio, Elsa Sahal, Ken Price, Brie Ruais, Takuro Kuwata, Lynda Benglis et bien d’autres nous montre un extra-ordinaire par l’élaboration d’oeuvres en céramique.

Les sculptures de Tamara Van San figurent des chimères contemporaines que notre esprit cherche à identifier sans jamais y parvenir. Qu’elle soit extravagante ou inquiétante, l’esthétique de l’étrange est actuelle. Peut-être pour appréhender les transformations que nous infligeons à nous et à notre Terre, peut-être pour répondre à des problématiques contemporaines, celles des transformations, celles de sortir des catégories qui rassurent tant les médiocre et les pouvoirs. Cette esthétique de l’étrange est possiblement une intuition commune et nécessaire pour nous permettre de regarder plus loin, échapper aux mots et aux leçons par un autre langage, celui de la sculpture et de ses arts pour nous permettre de créer et de vivre de nouvelles possibilités de vie.

Portrait de Tamara Van San - Artiste céramiste - Florian Daguet-Bresson Art

Collection

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« Her chimerical sculptures, hybrid proposals from another world, take us on a journey of questions ».
Tamara Van San - Malakbel - Ceramic - Florian Daguet-Bresson Art

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La galerie fermera ses portes du 8 au 22 mai 2024 inclus.