Perrine Boudy
Née en 1995. Vit et travaille à Nice.
Je dessine. Sur tout type de support, un dessin sous plusieurs formes : partant du papier, mon trait s’échappe vers la céramique pour ensuite recouvrir les murs, les sols... et pourquoi pas les plafonds. Explorer, explorer le trait, sans cesse, que celui-ci devienne le plus fluide possible, qu’il soit le liant entre tous ces médiums, c’est là le point central de ma recherche : créer un univers qui englobe, un espace total. «Faire rentrer le dehors dans le dedans», voilà quelque chose à quoi je m’essaie chaque jour ; comment créer un espace intime (ou public) tout en apportant une réflexion sur «ce que devrait être l’art pour moi», quelque chose qui irait au-delà du white cube, à l’interstice entre les arts décoratifs et les beaux-arts. C’est à partir de là que je m’efforce de mettre à l’épreuve au quotidien ma créativité : dessiner sur des assiettes dans lesquelles on pourrait bien manger, réfléchir à un «dessin mural/papier peint» pour «décorer» ma chambre, penser des maquettes imaginaires pour pouvoir un jour les réaliser à échelle 1, créer des jarres inutilisables car non-émaillées... La limite est toujours minime, la franchir ne m’intéresse pas, mais plutôt jouer avec les codes de l’un ou de l’autre ensembles.
Très inspirée par Christian Bérard, Betty Woodman, Matisse, ou encore Valentine Schlegel, je ne me définis pas comme céramiste mais comme dessinatrice. Cela est très important pour moi, car j‘aimerais que mon dessin devienne une manière de penser/voir les choses. Il y a cet extrait de «Je dors, je travaille» de Valentine Schlegel qui m’a apportée beaucoup : «Je suis une femme - j’ai choisi pour m’exprimer des lieux cachés. L’intérieur de «ma» maison - c’était une ruine - j’ai osé. Je n’ai pas essayé de faire une oeuvre. Il fallait vivre et survivre avec ce que j’avais - un corps solide. Une oeuvre liée au corps, l’utilitaire. J’aime le quotidien exceptionnel. Je pars du geste - quand je construis ou fabrique des objets. De 17 à 53 ans si on fait beaucoup il se passe plein de choses. Et je fais sans arrêt.»
Graziella Semerciyan écrit, à propos de son travail : «Perrine Boudy, fraîchement diplômée de la Villa Arson, a présenté une exposition de fin de cursus rendant compte de ses terrain de prédilection. Le dessin, le volume et la mise en espace sont intimement liés et se développent selon des répertoires associant un fort goût pour l’antique et un traitement très synthétique d’un dessin qui évoque les planches d’illustration et le jeu sur la notion de série. Son dessin répétitif à main levée est un moyen de jouer aussi sur la déformation du motif et cette impression est renforcée lorsque le trait court sur le volume des vases pansus qu’elle monte elle-même et qui trouvent leur équilibre sur un fil.»